L’institution SSR verse 400’000 francs pour la campagne d’opposition

24heures.ch, 11.12.2025

Les opposants à la réduction de la redevance ont récolté un million de francs, dont une partie provient de l’institution SSR. L’UDC dénonce un «culot monumental».

Pour contrer l’ initiative de redevance, ses opposants recourent à des visuels portant des messages comme «Non à l’initiative détruisant la SSR» ou «Ruiner l’info fiable». Ils entendent ainsi mettre en garde contre une acceptation de l’initiative «200 francs, ça suffit!», ou initiative SSR.

Ce projet propose de faire passer la redevance SSR de 335 à 200 francs par an pour les ménages, et de la supprimer complètement pour les entreprises. Le vote se déroulera le 8 mars, soit dans environ trois mois.

Lundi, neuf opposants à l’initiative ont défendu leur position au centre de presse de la Confédération. Parmi eux, la jeune politicienne Amélie Galladé (PVL/ZH), le conseiller aux États Matthias Michel (PLR/ZG) et le directeur de Swiss Olympic, Roger Schnegg. Leur message central: l’initiative menace le service public et, par conséquent, la cohésion sociale. À l’ère des fake news, l’accès à une information de qualité revêt une importance cruciale.

Les opposants partent avec un handicap: selon les premiers sondages, une faible majorité des votants se montre favorable au texte.

Une campagne des opposants soutenue par l’institution SSR

La campagne d’opposition est dirigée par Laura Zimmermann. Autrefois à la tête d’Opération Libero, elle avait déjà mené le combat contre l’initiative «No Billag» en 2018, qui visait à supprimer complètement la redevance radio-TV. Aujourd’hui, elle travaille pour une agence de communication zurichoise. La campagne de votation sur «No Billag» avait été d’une intensité rare, rythmée par des sollicitations de dons très appuyées.

Cette fois, comment se porte la caisse du camp du non? Selon Laura Zimmermann, un million de francs ont déjà été réunis. «Nous dévoilerons le détail des recettes en temps voulu», assure-t-elle.

Depuis environ trois ans, les comités de campagne de votation suisses sont soumis à une obligation de transparence: ils doivent déclarer leurs recettes au plus tard quarante-cinq jours avant la votation.

Selon les informations recueillies par le «Tages-Anzeiger», un don en particulier devrait attirer l’attention: l’institution SSR a contribué pour environ 400’000 francs. Cécile Bachmann, membre du comité de la société régionale SSR Suisse alémanique, le confirme. Elle préside la section Zurich-Schaffhouse, de loin la principale contributrice.

Elle tient à clarifier: «Ce montant provient exclusivement des fonds propres de nos sociétés membres. Pas un centime issu de la redevance n’est utilisé.» Le don s’appuierait sur des cotisations mises de côté au fil des ans, complétées par des revenus immobiliers ou fonciers.

SRG SSR, un organisme à la structure complexe

Pour comprendre cette explication, il faut se pencher sur la structure complexe de la SSR. Organisée sous forme d’association, elle regroupe plusieurs sociétés régionales, sous-sociétés et coopératives. L’institution a pour mission de recueillir les préoccupations de la population et de les transmettre à l’entreprise SSR. À travers toute la Suisse, cet organe rassemble près de 24’000 membres qui s’acquittent de cotisations annuelles ou détiennent des parts sociales.

Il faut la distinguer de l’entreprise SSR, dont le financement provient en majeure partie de la redevance Serafe, complété par la publicité, le sponsoring et diverses recettes accessoires. La loi sur la radio et la télévision est claire: ces fonds doivent être consacrés exclusivement à la production des programmes de radio et de télévision. Les utiliser pour des campagnes politiques est formellement interdit.

Cette intervention de l’institution dans la campagne pourrait néanmoins paraître délicate. Cécile Bachmann balaie le doute: «Nos statuts précisent que nous devons contribuer à l’évolution de la politique médiatique en Suisse – c’est ce que nous faisons.» Selon elle, les membres s’attendent à une défense active d’une SSR forte. «Une SSR amputée ne pourrait plus remplir son rôle de service public. Nous devons prendre nos responsabilités.»

Jean-Michel Cina, président du conseil d’administration et responsable du comité associatif, n’y voit pas non plus de problème. «L’institution peut engager librement ses fonds propres, pour autant qu’ils ne proviennent pas de la redevance.» Informer la population sur le mandat et les valeurs de la SSR fait, selon lui, partie intégrante de sa mission.

«La SSR n’a pas à financer une campagne politique», selon l’UDC

Le conseiller national Thomas Matter (UDC/ZH), membre du comité d’initiative, ne partage pas ce point de vue, estimant que la SSR fait preuve d’un «culot monumental» en s’immisçant de la sorte dans le débat politique. «Que l’argent provienne de l’institution ou de l’entreprise constitue au final une distinction purement académique. La SSR n’a pas à financer une campagne politique.»

Le comité d’initiative ne lancera sa campagne qu’après la nouvelle année. Il devra probablement composer avec un «budget plutôt modeste», explique Thomas Matter. Des discussions avec de potentiels soutiens financiers seraient en cours. Il n’est pas encore clair dans quelle mesure l’UDC cofinancera la campagne – d’autres campagnes de votation importantes sont prévues pour les mois à venir.

L’initiative bénéficie également du soutien de personnes issues des Jeunes PLR et de l’Union suisse des arts et métiers, en plus de l’UDC. Urs Furrer, directeur de l’Union suisse des arts et métiers, explique: «Nous sommes régulièrement sollicités par des personnes prêtes à soutenir financièrement le combat contre la double imposition jugée injuste pour les PME.» Lui non plus n’est toutefois pas encore en mesure de donner un chiffre concret.

Les initiateurs soutiennent que la population suisse paie aujourd’hui les redevances radio-télévision les plus élevées au monde. Ils estiment que les personnes seules, les familles et les jeunes devraient en être déchargés. L’Union suisse des arts et métiers dénonce par ailleurs l’assujettissement des entreprises d’une certaine taille à cette redevance, arguant que tous leurs employés s’en acquittent déjà à titre privé.

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Adresse

200 francs ça suffit ! / Initiative SSR
Case postale 181,
8021 Zurich

IBAN CH84 0070 0114 9042 0512 4

info@initiative-ssr.ch

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